Garde à vue

Vincent était déjà au poste depuis environ trois heures. Il patientait dans une pièce craseuse, aux relents de sueurs avec un policier zélé qui devait trouver agréable de lui crier dessus, l'arrosant généreusement de postillons au passage.

- Je te préviens gamin, fais pas ta tête de mule .. Tu vas me dire tout de suite le nom des deux jeunes avec toi !! Tu crois que cette vieille femme à trouvé drôle qu'on lui pique son sac et qu'on la roue de coups après ? HEIN ?! Et regarde-moi quand je te parle !

La scène c'était passé le matin même au Parc de la Francophonie. Alors qu'il se baladait tranquillement, prenant au passage des photos avec son appareil qu'il gardait toujours sur lui, Vicent avait vu deux jeunes arracher des bras maigrelet de la grand-mère son sac à main et s'amuser à la faire tomber voire lui donner deux trois coups de pieds.

Malgré son tempérament renfermé, Vincent s'était précipité pour voir si tout allait bien et quan dla police, alerté par des passants, était arrivée, c'est lui qu'on avait embarqué. Et le voilà maintenant dans ce poste miteux avec cet énergumène qui restait sourd à ses protestations malgré le témoignage de plusieurs personnes présentes, qui le disaient innocent.

Nombre de messages : 53 Âge du perso : 17 Date d'inscription : 06/01/2007

Le policier zélé criait sans relâche à la figure de Vincent depuis un bon quart d’heure. Bien que Vincent ait toujours été d’un tempérament plutôt calme, une grosse envie de passer à tabac ce flic s’était emparée de lui.

* Putin mais pour qui tu te prends ? J’ai pas que ça à foutre moi ! Si ça continue c’est toi que je vais tabasser … *

Malheureusement pour le moment il ne pouvait que subir, car sa réaction ne ferait qu’empirer la situation.
Comment pouvait-il justifier son innocence ? Pourtant celle-ci paraissait évidente … même des témoins plaidaient en sa faveur !

Il tenta tout de même d’expliquer sa version des faits une nouvelle fois à l’agent qui ne voulait rien entendre.

« Ecoutez monsieur, oui ce matin je me promenais dans le parc. Mais je recherchais de la tranquillité, pas des ennuis ! J’ai aperçu deux jeunes, de mon âge je pense, agresser une vieille dame. Mais lorsque j’ai couru pour la secourir, les deux lascars avaient pris la fuite. » dit-il avec un ton posé en essayant de se contrôler.

Un sourire s'étira d'une oreille à l'autre du policier et il dit d'un ton sarccastique :

- Oh mais c'est qu'il va s'énerver le petit ! Et bien sache jeune délinquant que des centres pour des jeu...

Une collègue à lui entra dans la salle et lui dit quelque chose à l'oreille. Le visage du policier se décomposa. Ses mains tremblaient de rage et il jeta à Vincent un regard mauvais.

- TOI ! Tu peux sortir mais dépêches-toi ou c'est moi qui te traînes par la peau des fesses !

Frustré de ne pas avoir arrêté la bonne personne, il saisit Vincent par l'épaule et le balança dehors comme un malpropre. Le jeune homme se retrouva d'u un petit couloir avec un rangée de chaises contre le mur. Un nuage de fumée de cigarette stagnait dans l'air et des fens à l'aspect louche traînait, soit assis sur une des chaises soit appuyé contre le mur. Tous le regardait avec un drôle d'air.

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Enfin ! Le vieux roublard venait de comprendre que Vincent était innocent dans cette histoire … Merci mademoiselle !
Le jeune homme se trouvait à présent dans le petit corridor voisin, à l’odeur nauséabonde. Le plafond fissuré de partout, il était difficile de savoir comment celui-ci pourrait tenir une minute de plus sans s’effondrer.
Mais pourquoi en voulait-on tellement à monsieur Finyi ? En début de journée, il sortait prendre l’air tranquillement, et évidemment, il fallait que des ennuies parviennent à sa rencontre, comme s’il n’était pas déjà assez débordé …

* Garde ton calme Vincent, ce n’est juste pas ton jour, voila tout. *

Il n’était pas seul dans le couleur. Les quelques personnes présentes le fixaient, comme s’il s’agissait de la nouvelle attraction du moment. Elles paraissaient toutes plus louches les unes que les autres.
Les yeux de Vincent s’arrêtèrent sur un individu étrange. Son regard, si l’on peut dire, puisque ses billes n’étaient seulement dotés que d’un blanc profond, maintenait en vue la porte placée au bout de la salle. Celle-ci devenait l’itinéraire de Vincent, qui s’y dirigeait, la démarche tremblotante.

Alors que Vincent s'éloignait de la salle de garde à vue, les gens derrière lui s'effacèrent peu à peu tels des hologrammes. Les lumières aussi se mirent à clignoter puis à s'éteindre. Ainsi les néons s'obscurissirent peu à peu les uns après les autres, l'ombre se rapprochant peu à peu de Vincent avec des cliquetis d'interrupteur. La porte au fond du couloir, devant le jeune homme, s'entrouvrit, comme pour l'inviter à entrer tandis que la porte à l'opposé du couloir s'ouvrait elle aussi mais une main ensanglantée d'où pendaient des lambeaux de chairs rougies dépassa de l'embrasure laissant présager avec horreur du reste.

Quand la porte s'ouvrit, une jeune fille d'environ 1m70, les cheveux bruns, des yeux d'une violet intense, la peau d'une pâleur fantomatique passa dans l'embrasure de la porte. Lilith. Avisant la main de la créature à l'autre bout du couloir, elle tira Vincent par le bras et le poussa à l'extérieur, sortant un couteau étrange de sa poche. Elle ferma la porte et grava un signe dans le bois, une sorte de triangle contenant un pentacle, espérant que ça retiendrait la créature ne serait-ce que le temps qu'ils puissent s'échapper. Elle se mit alors à courir pour atteindre la porte à double battant qui donnait dans la rue. Se tournant vers Vincent elle lui dit :

- Si tu tiens vraiment à la vie, tu devrais faire comme moi. A part si tu tiens absolument à ce que ce que tu as vu, ou du moins partiellement vu ne te rattrape et ne te fasse ta fête ...

Elle détourna son regard violet sur la porte ou des coups sourds commençaient à se faire entendre.

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Vincent se rapprochait peu à peu de la porte tant convoitée, quand soudain elle s’ouvrit, laissant apparaître une main ensanglantée, très étranges et surnaturelle.
A cet instant, le jeune homme entendit des mots à son égard, venants de l’autre côté du couloir. C’était une voix féminine, à la fois mélodieuse et disgracieuse. Mais qui était cette demoiselle ? Vincent ne l’avait jamais vu auparavant.
Sans plus attendre, celle-ci, les sortit d’affaire. La jeune femme avait gravé une espèce de repousse esprits. Elle semblait avoir déjà eu affaire à ce genre de situation. En effet, qui se serait douté qu’il fallait agir de la sorte afin de pouvoir retenir la créature ? Surtout lorsqu’on est pris de panique face à de telles conditions …
Désormais les deux rescapés étaient dans la rue avoisinante. La jeune fille demeurait calme et impassible, contrairement à Vincent qui n’était pas du tout en confiance. Des gouttes de sueurs en provenance de son front, se déversaient sur le sol.
Il essayait de parler, mais aucun mot n’avait l’air de vouloir sortir de sa bouche.

Quand ils furent dehors, ils s'éloignèrent quelque peu de la porte et Lilith s'alluma une cigarette, sortant de sa poche son éternel zippo en argent. Elle expira une bouffée de fumée et se tourna vers Vincent. Elle sourit quand elle vit se dernier mal à l'aise, des gouttes perlant à son front.

- C'est bon tu peux te calmer "ça" ne dépassera pas la porte et quand bien même "ça" le ferait, je l'attends de pieds ferme. Mais on, enfin tu, vas quand même t'éloigner de là et tu vas calmement rentrer chez toi sans repenser à ce qui c'est passé.

Lilith avait dit ça d'un ton amical et ne se départissant pas de son sourire, elle entra dans une ruelle sombre d'un pas tranquille en se souciant pas plus de ce qui venait de se passer que de ses premières couches culottes. Elle n'alla pas bien loin, s'adossan à un mur, elle termina sa cigarette, observant le jeune homme et la porte d'entrée par la même occasion.

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Les deux jeunes gens étaient dehors. Encore tremblant, Vincent demeurait apeuré, tandis que sa sauveteuse ne se montrait pas vraiment inquiète. Celle-ci se grillait une cigarette en tentant de rassurer Vincent pour ne pas qu’il se fasse du soucis. Apparemment, « ça » ne l’avait pas du tout perturbé, peut-être était-elle habituée à de telles situations ?
Elle entra ensuite dans une petite ruelle sombre à quelques pas d’où se tenait Vincent. Se remettant peu à peu de ses émotions, le jeune homme la rejoignit, la main gauche enfoncée dans la poche de son jean, et l’autre remettant une mèche qui tombait devant ses yeux, afin de paraître moins stressé. Il poursuivit enfin, en la fixant dans les yeux :

« Euh … excuse-moi mais qui es tu ? Et ça t’arrive souvent de sortir des gens dans de pareilles conditions ? »

Quelques secondes après, sans que la jeune femme n’ait pu répondre, Vincent enchaina très rapidement, toujours en admirant son intense regard violet :

« Et merci encore. »

Lui qui ce matin souhaitait se promener tranquillement, n'aurait jamais pas pu imaginer un tel contexte ...

Lilith sortit une autre cigarette et sourit au jeune homme.

* Moins stressé que la moyenne .. Ou du moins il essaye de paraître calme. *

- Je m'appelle Lilith Winchester et ... oui on peut dire que ça m'arrive souvent de sortir des gens de pareilles situations.

Ne se départant pas de son sourire, elle expira la fumée et continua en tendant le paquet pour proposer une cigarette au jeune homme :

- Disons qu'il y a certaine chose comme "ça" que les gens ne devraient jamais voir et que certaines personnes comme moi sont là pour s'en assurer.

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La jeune femme proposa à Vincent une cigarette, probablement pour que celui-ci se détende, comme il n’était pas tout à fait remis de ses émotions. Vincent accepta. Fumer de temps à autres n’allait pas lui faire trop de mal, si oui : et alors ?
Désormais il connaissait le prénom de sa sauveteuse, mais cela ne l’informait pas plus sur son identité.
Vincent expirait de la fumée à la manière de Lilith. La clope s’emblait l’apaiser. Peut-être devrait-il s’en griller plus souvent afin d’évacuer le stress qui parfois s’empare de lui ? Après tout, cela n’était peut-être pas vraiment nécessaire, Vincent avait toujours été quelqu’un de tranquille.

« D’accord, alors je ne vais pas te questionner plus à ce propos. Et bien moi, c’est Vincent, Vincent Finyi. »

Le mur contre lequel les deux jeunes gens étaient adossés laissait entrevoir un rebord de fenêtre fissuré, bien qu’à moitié en ruine, il pouvait quand même servir de banc. Vincent s’assit. La main droite tenant la cigarette, Vincent frotta la seconde le longe de son visage, comme s’il venait de sortir du lit.

« Il est tard. Je pense que je ne vais pas tarder à rentrer. Enfin, essayer, vu que maintenant je ne sais plus vraiment à quoi m’attendre… Et toi, tu comptes veiller encore longtemps ? »

Lilith écrasa son mégot contre le mur et vint s'asseoir sur le rebord à côté de Vincent gardant un oeil sur la porte du commissariat.

- Et bien, je pense qu'il n'y a plus rien à craindre mais bon vu que de toute façon ma soirée est foutue, je pense que je vais rester là encore un petit moment ..

Lilith se tourna vers Vincent et dit :

- Mais toi, je pense que tu peux rentrer et ne crains rien, ça ne reviendra pas ... Quand ça échoue une fois, en général, ça ne revient pas ...

* Ou alors ça revient encore plus hargneux mais ça je vais éviter de lui dire ... *

La jeune fille ou tout juste le temps de terminer sa pensée que des coups de plus en plus sonores se firent entendre à la porte. Apparemment, la créature n'était pas du même avis que Lilith. La porte finit par céder et la chose qui avait essayé d'attaquer Vincent un peu plus tôt apparu dans l'encadrement.

Elle rampait avec des gestes saccadés faisant penser au vieux films où les mouvements des personnages étaient comme entrecoupés, et laissait derrière elle un traînée sanglante. Se relevant sur ses avant-bras en lambeaux, elle sembla humer l'air et tourna sa tête ou du moins ce qu'il en restait vers les deux jeunes gens dans la ruelle. Elle se remit en marche avec d'affreux bruits de succion que provoquait ses chairs à vif sur le sol.

» Nuit de garde