Bureau de l'inspecteur Tanembaum

Assis dans son cubicule, John Wilson travaillait sur son écran d'ordinateur, rageant contre la damné machine qui, prise d'une soudaine envie de vouloir faire sacrer l'Agent, avait décidée de ne plus fonctionner correctement. L'Agent Wilson avait participé à une arrestation, dans la soirée d'hier, en temps supplémentaire, d'ailleurs, et il devait remplir un formulaire pour décrire la scène. Peu importe le point de vue, il ne voyait absolument pas comment il pourrait expliquer l'état comateux de l'agresseur, sans se mettre lui-même ou son collègue dans le trouble, puisque Wilson avait du lui ficher le plus grand coup de poing de l'Histoire.

Tappant une dernière fois sur son clavier, il poussa un juron retentissant quand l'écran s'éteignit et que les plaintes de la tour de l'ordinateur prirent fin... il venait sans doute de rendre l'âme. John releva la tête, par la fenêtre il apperçut l'Inspecteur Tanembaum sortir du Poste, son manteau sur le dos, l'air peu réjoui. En fait, presque personne dans le Poste de Police ne riait, ces derniers temps, John Wilson encore moins que les autres, puisque Mister J. ne souriait à absolument personne ; pas étonnant qu'il soit encore seul et sans femme. Il suivit du regard l'Inspecteur, qui sortait, puis, résigné, sortit de son petit bureau papiers et crayon, pour remplir ce damné formulaire.

À peine avait-il commencé, que le même problème survint et l'Agent se demanda encore comment justifier son coup de poing sur la mâchoire de l'autre pauvre type. Abattu, et ne sachant pas vraiment comment bien mentir, il écrivit que l'autre avait empoigné une arme coupante et l'avait tournée en sa direction, ce qui était partiellement vrai, et que Wilson l'avait frappé deux fois, ce qui était exact. Ce n'était pas de la légitime défense, mais l'autre n'était pas mort, ce qui était parfait pour Wilson.

Le garde du corps sans emploi termina son formulaire en même temps que l'Inspecteur revint dans le Poste. Sachant que celui-ci avait déjà plusieurs dossiers à regler, Wilson n'alla pas le déranger pour sa broutille, aussi plaça-t-il sa tête sur ses mains jointes sur son bureau et fixa le téléphone, espérant recevoir un appel à l'aide, ou n'importe quoi. Il replaça ses lunettes fumées et attendit, puisque c'est tout ce qu'il restait à faire...

N'ayant absolument rien à faire, John s'était levé et était partit à la cafetière pour se prendre un bon café, histoire de le maintenir debout. Il pensait à Ritch, qui était surement en train de faire un mauvais coup et qui, comme toujours, ignorerait le sermont de Mister J.

Sentant un début de mal de tête, Wilson s'accota sur le mur aux côtés de la cafetière pour déguster son café. Il vit, au travers de la fenêtre de la porte, Damien se faire réveiller à moitié par un téléphone, mais la conversation fut de courte durée, semblerait-il. Haussant les épaules, John avala une lampée de café chaud et replaça ses lunettes. Lorsqu'il abaissa son regard plus bas que le plafond, il apperçut l'Inspecteur avancer vers lui... ou plutôt vers la machine.

L'Agent Wilson haussa un sourcil, voyant l'air de Damien, et lui lança :

- Mauvaises nouvelles, Inspecteur ? 'Pas l'air d'aller...

Effectivement, les cernes de Damien étaient plus accentuées que l'habitude et sa mine fort peu réjouie le semblait encore moins que la normale, visiblement, l'Inspecteur n'allait pas bien... mais, fidèle à ses habitudes, il le nierait surement et tenterait deux ou trois blagues avec Wilson, qui ne répliquerait rien et s'en retourneraient tous deux faire une longue journée...

À moins que...

Un grognement se fit entendre venant du garde du coprs après que Damien lui aille appris la nouvelle. Il alla s'échouer dans la chaise juste à côté de l'Inspecteur, et contempla le Poste à moitié vide, malgré le début de la journée. Il lança, d'une voix rauque :

- 'Faut aller sur les lieux, ou y'a déjà du monde là-bas ?

Savoir qu'un tel meurtrier qui courrait comme ça partout, sans se faire prendre était intolérable pour John... et comme il n'avait rien à faire pour aujourd'hui, il se proposait ainsi d'aller voir les lieux, peut-être même avec l'Inspecteur, s'il en avait envie...

- Z'en faites pas, Inspecteur, on l'aura, c't'enfoiré. C'qui me chicotte, c'est qu'il aura que d'la prison... pas de chaise électrique ou rien. Et malgré tout vot' bon vouloir, j'crois pas que vous pourriez le bruler... les Bons, ici, c'est nous...

Wilson était content de la proposition de l'Inspecteur, après tout, il préférait de loin de l'action plutôt que rester assis dans un bureau... même si l'action se limitait à trouve Drance. Cette fille était encore plus froide que John, c'en était incroyable. Il aquiesça d'un signe de tête, il irait avec Damien.

Cependant, il grogna quand l'Inspecteur lui demanda son dossier. En tant que Policier Auxiliaire, il n'avait pas de dossier à temps plein, il aidait simplement les Policiers réels à faire leurs boulot, aussi il marmonna :

- Vous savez bien qu'j'ai pas d'dossier à moi... j'donne des coups d'main, moi...

Se sentant à chaque fois misérable, John Wilson attendit la réaction de Damien, sans vraiment laisser parraître qu'il n'était vraiment pas fier de ce qu'il était : un Garde du Corps... sans personne à protéger.

Entendant ce mot, John Wilson n'en crut simplement pas ses oreilles. Avait-il bien entendu Damien lui dire qu'avec ce job, il pourrait passer le teste pour devenir Détective Privé ? Enfin une belle chance pour Wilson ! Pour une des rares fois, l'Agent fit un large sourire, montrant qu'il était énormément ravis. Qui plus est, Damien semblait déjà de meilleure humeur. Une bonne chose de faite... non pas que Wilson était le boute-en-train de l'endroit, mais il préférait Damien de bonne humeur. Surtout que l'Inspecteur semblait réellement de bonne humeur, même après ce qu'il venait d'apprendre, ce qui était rare. John emboîta donc le pas à Damien, étant déjà convaincu que Ritch apprécierait sa petite promotion... ils pourraient faire plus que payer le loyer, maintenant ! Enfin, les deux pourraient manger à leurs faim, sans avoir à se fier sur divers racket douteux de Richard.

Bien évidemment, John n'appréciait pas cette manière de faire, mais son faible revenu, soustrait du loyer, des deux bouches à nourir, ainsi que divers autres trucs empaichaient d'avoir un garde-manger bien rempli. Et comme il faut quand même vivre, il fermait les yeux sur l'endroit d'où Richard tirait divers objets. Il était même revenu avec un Lecteur MP3, une fois... celui-ci traînait sans doute à la maison, mort au bout de ses batteries. Mais il reste que Richard volait, et John le savait parfaitement, hors il n,en parlait à personne... ce que les autres savaient était qu'il avait recueillit un Russe pauvre et qu'ils vivaient dans le même Duplex, en basse-ville.

John termina son café d'une seule traite et jeta le verre en styromousse dans la poubelle, près de là. Il suivit ensuite Damien en direction de son bureau, ayant retrouvé son calme habituel, mais gardant un vague sourire sur les lèvres.

- Et en quoi j'peux vous z'être utile en assistant, Inspecteur ? Quoique être Détective Privé, ça m'plaîrait bien !

Déjà, Wilson s'imaginait suivre les traces de Damien : avoir son propre bureau dans le Poste et dormir en attendant que le téléphone sonne... même si Damien se croyait subtil, il était de notoriété publique, dans le Poste, et tous le savaient, que l'Inspecteur se piquait un petit roupillon quelques fois... la belle vie ! Bien entendu, il pourrait aussi faire des fillatures, cogner sur les malfaiteurs, protéger des gens... enfin, son boulot de rêve !

D,ailleurs, John se demanda pourquoi Damien manquait toujours autant de sommeil ? Était-ce sa femme qui l'empêchait de dormir ? Travaillait-il sur laffaire du meurtrier même à la maison, au point d'embêter Mrs. Tanembaum ? Ce n'était certes pas de ses affaires, certes, mais Wilson aimait bien avoir des nouvelles de ses "amis" en couples, puisque lui-même n'avait encore jamais connu de fille. Il s'imagina soudainement, avec sa promotion, Détective Privé, dans une grande maison, avec une femme, son propre fils et Richard comme voisin, une belle décapotable dans l'entrée...

Mais, pour le moment, il allait au bureau de Damien, suivant celui-ci...

John soupira, repensant à ses années qu'il avait passé au Collège militaire...

- Ouff... formation ? J'ai fait toutes mes études au Collège Militaire et j'ai très peu servi à Valcartier... mais j'suis tout frais sortit du Collège, moi, Inspecteur. J'ai pas de formation, rien de précis, sinon une Technique Policière, c'est tout ! Par contre, j'peux apprendre vite, 'suffit d'me montrer, 'Specteur !

Il ré-ajusta ses lunettes sur ses yeux et observa le temps merdique par la fenêtre. Mister J. regarda quelques instant la photo de la femme de Damien, sur son bureau, et releva le tête vers celui-ci ensuite.

- Mais feuilleter des vieux dossiers, j'fais que ça d'puis deux z'ans, Inspecteur ! Depuis que'j'travaille icitte, j'ai rien foutu d'autre que ça quasiement... bah... un peu de patrouille, mais rien d'intéréssant vraiment.

Souriant jaune, Wilson ré-envoya son regard sur la photo, sur le bureau...

Se levant lui-même, John attrapa le papier que l'Inspecteur lui tendait et serra cordialement la main à celui-ci. Il se permit même de lui envoyer un léger sourire en coin, mais il appréhendait déjà de se retrouver seul avec Drance et sa légendaire mauvaise humeur et haine envers le monde entier... cette femme était vraiment au bon endroit pour elle : travailler avec des morts, inconscients de ce qu'elle faisait... quoique quelque peu jolie, son humeur gâchait le tout, au point de vue de Mister J.

Sans un mot, sinon un léger "Merci", John quitta le bureau de l'Inspecteur. Ils parleraient plus tard de son salaire et autres trucs, pour le moment, la Coroner était demandée au site du crime. Aussi, l'Agent Wilson, à grands pas, sortit du Poste de Police et arriva au-dehors de celui-ci, constatant le temps merdique. Boutonnant son manteau, il avança jusqu'au parking et y trouva bien garée, sa moto.

Elle était entièrement noire, mais à l'intérieur du pare-chocs, il y avait le globe de lumière blanc, bleu et rouge des flics. Donc, en cas de poursuite, Wilson signalait sa présence en l'activant, démontrant son statut de policier.

Il enfila son casque noir, qu'il avait agrippé à l'intérieur, immédiatement après avoir enlevé ses lunettes fumées. Emfourchant sa moto, il démarra et partit en direction du quartier mentionné sur le papier, par Damien...

[John Wilson quitte ce topic, en direction de "Bloc Appartement Luxueux"]